Les chemins de traverse d’Hortense

Catégorie(s) : Actualités

Ajouté le : 27 Jan, 2023

 

© (Photo NR, Olivier Brosset)

 

Petite, Hortense voulait être vétérinaire. Au terme de son BTS, elle va tenter de renouer avec ses premières amours.

 

Petite, Hortense rêvait d’être vétérinaire. Un rêve mis en sommeil par la force des choses mais, après un crochet par l’Agrocampus de Tours-Fondettes, pourrait bien, finalement, devenir réalité.
La première impression a été la bonne. Ce lundi 9 janvier 2023, celle qui accessoirement contrôle l’écoulement du temps au côté de Marc Fesneau – ministre de l’Agriculture et de la souveraineté
alimentaire, en déplacement à l’Agrocampus de Tours-Fondettes – n’est pas une étudiante comme les autres.

Pétillante, engagée dans l’écologie, enthousiaste quand elle se met à parler de son domaine de prédilection en BTS production animale : l’agroforesterie.
Petite, elle voulait être vétérinaire. « J’ai encore mes premières ordonnances pour mes doudous, sourit-elle.

Mais j’ai vite abandonné l’idée parce que scolairement c’était moyen dans les matières scientifiques…) » Elle décroche son bac ES (économie) « avec une petite mention » mais la jeune femme ne sait pas trop quelle orientation choisir. Avec ses prédispositions littéraires, elle intègre une prépa d’arts appliqués à Paris : « J’ai senti que ce n’était pas ma place, que ça n’allait pas me correspondre. » Après une année de césure, elle se rend à Moissac pour emprunter le chemin de Saint-Jacques de Compostelle le jour de ses 18 ans. Toute seule.
En tout, 1212 km jusqu’à Santiago de Compostela. Un périple constellé de rencontres, dont celle d’Olivier, qui lui demande : « Si tu rêves d’être vétérinaire, pourquoi tu ne fais pas les études qui vont t’y mener ? » Évident ? En tous cas ça a été un déclic.

 

« Passionnée par toutes les facettes de la formation » Quelques recherches lui font opter pour un BTS de production animale, à l’Agrocampus de Tours-Fondettes.
« C’est parce que ça menait potentiellement à véto que j’ai pris ça, mais je suis très vite devenue passionnée par toutes les facettes de la formation. » Elle a donc décidé de tenter dès cette année le concours d’ingénieur agronome d’une part et celui de vétérinaire (rural) l’an prochain d’autre part.

Plongée à fond dans l’agroforesterie fourragère, elle a étonné le ministre et son auditoire par ses connaissances dans le domaine, déterminée à en faire son sujet de fin de cycle, même si elle est consciente « d’avoir besoin de temps pour maturer mes projets ». Pour elle, l’agriculture fourragère ne pourra pas se substituer à l’élevage pastoral traditionnel, mais constitue un outil de résilience contre le dérèglement climatique. « L’agroforesterie, ça structure le sol, capte le carbone, procure de l’ombre, fixe l’humidité… Si on remettait des haies et des têtards (1), on résoudrait une partie des problèmes et des pratiques dangereuses. » Non issue du monde agricole, Hortense tente, propose. « L’arbre fait aussi office d’alicament, qui permet de lutter contre les émissions de méthane éructées par les ruminants… Les arbres procurent de l’ombre au bétail, maintiennent une température plus fraîche au sol (jusqu’à 11°C de différence). Savez-vous que dès 25°C, une vache est en stress hydrique, ce qui favorise des infections de toutes sortes ? ». Lucide, elle considère que « tout part de la demande des consommateurs et que sans ce changement à ce niveau, il
sera difficile de sortir de la logique productiviste ». Quant à savoir quelles agricultures permettront de relever les défis du réchauffement climatique, elle n’a pas la prétention d’avoir toutes les réponses. Mais elle a le mérite de chercher.

(1) Arbre qui doit sa forme spécifique à des tailles régulières destinées à fournir principalement du bois et du fourrage.